Lorsque je voyage, je change. Je me sens plus libre, plus heureuse et surtout, plus près de l’émerveillement de l’enfance. Au retour, je souhaite conserver cet état d’esprit afin de jeter un regard neuf sur les choses et les gens de mon quotidien. Peine perdue, cela dure au maximum deux semaines en s’amenuisant au fil des jours. De là, le désir de toujours vouloir repartir. Cette fois, c’est différent. Je reviens d’un mois en solitaire au Japon. Cela fait plus de six semaines que je suis chez moi. Et cela se poursuit. Comme si un cadenas dont j’avais perdu la clef s’était ouvert.
Ne parlant pas japonais, le langage verbal ne m’a pas été d’un grand secours, j’ai du recourir à l’observation et à l’utilisation des gestes et des tons de voix. Surtout en dehors des sentiers battus. Des engrenages peu sollicités de mon cerveau, situés principalement dans l’hémisphère droit, se sont mis en action. Comme une enfant avant l’acquisition de la langue parlée, j’étais dans un état d’admiration, de contemplation et d’étonnement perpétuel. La différence en est que je ne suis plus en état de survie et de dépendance. Moins de peur, principal frein à la liberté exploratoire. Je peux donc créer des conditions pour revivre ces moments de grâce.
J’ai passé du temps dans cette contrée précieuse de l’univers de mes quatre ans. Et savez-vous quoi ? La vie au pays des merveilles n’est pas si désagréable.