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Parmi mes multiples observations du genre humain, bien sûr je m’inclus comme cobaye, il y en a une en particulier qui me fascine. À savoir, l’aptitude de transformer la réalité au moyen des mots. Chacun peut constater, lors de la narration d’un même événement, que les discours des témoins diffèrent. Encore plus s’il s’agit d’une épreuve ou d’une catastrophe. La recherche de sens nous contraint souvent à maquiller la réalité historique pour éviter une trop grande souffrance. Dès le plus jeune âge, ce moyen de défense est utilisé et vient en seconde place après le déni. De plus, si les méfaits subis viennent de la nature comme une inondation ou la foudre, nous sommes portés à nous tenir beaucoup plus près de la vérité historique que si notre malheur est du à un autre être humain. Que la maison brûle à cause de la foudre ou par la faute d’un ennemi la réaction sera différente. La charge émotive est moins cruelle dans le cas de la nature car nous pouvons y trouver une cause. Et trouver une cause est, pour notre esprit, trouver un sens. Cela répond à la question : pourquoi ? Il arrive aussi qu’une maladie ou une mort soient des opportunités pour réorganiser notre vie. C’est plus difficile si le malheur est arrivé par le biais d’un autre, car le pourquoi n’est jamais clair. Il arrive que des victimes deviennent obsédées par cette question ou assoiffées de vengeance. Alors leur vérité narrative devient de plus en plus éloignée des faits. Leur scénario baigne dans une mer de chimères mais pour eux c’est leur vérité.