Ce qui m’a le plus frappée au retour de mon escapade aux Îles Marquises est la façon dont ses habitants appréhendaient le temps. Des traces en subsistent encore de nos jours. Comme dirait Heidegger, la notion de temps est tributaire de la culture et de la langue. Leur quotidienneté est vraiment ancrée dans le présent. Le futur n’existe presque pas comme le témoigne leur utilisation du langage. Seul, le futur immédiat s’impose. Ce qui diminue l’angoisse et l’anxiété. Au contraire de nous, ils sont tournés vers le passé. Ils regardent vers le passé et tournent le dos au futur. Il s’ensuit une grande fierté pour leur expérience personnelle et un respect pour toute forme de savoir à partager. Remords et regrets semblent se transformer en apprentissage. La notion de « has-been », anglicisme utilisé ici de façon péjorative, est difficile à saisir pour un Marquisien. Les dates et les lieux sont moins importants que l’émotion rattachée à un événement. Et c’est cela qu’ils nous racontent. Le où et le quand sont plutôt brumeux. Influencée par leur vision du monde, je me suis rappelé ce qui, jadis, m’avait donné beaucoup de joie : dessiner, rêver, me promener sans but, regarder la neige tomber, admirer l’ombre et la lumière, c’est-à-dire être présente au monde et à moi-même. Ce que nous avons tous vécu, à certains moments, durant l’enfance.
L’être-là marquisien
23 lundi Déc 2013
Posted philosophie, voyage
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