D’abord, une anecdote de mon enfance. À l’école primaire, lors du spectacle de fin d’année, chaque classe devait présenter une chanson. Quant à moi, on me donnait l’ordre de faire le poisson. Nous étions plusieurs à bouger les lèvres sans émettre un son. Au lieu de nous former, on nous fermait. Quelques décennies plus tard, j’ai décidé de suivre des ateliers d’exploration de la voix. Dès la première rencontre, l’animatrice m’a conseillé de consulter un otorhino. Il s’est avéré qu’il a dû m’opérer les cordes vocales sous peine de perdre la voix. J’ai annulé les ateliers et passer par trois stades : muet, voix de fausset et voix rauque avant de retrouver mon état normal. Beaucoup plus tard, j’ai participé à une fin de semaine intensive de chant durant laquelle, après des efforts désespérés, j’ai réussi à émettre des notes jamais atteintes.
Depuis, je me contente de moduler le mantra AUM ou OM. Jusqu’à il y a quelques jours, j’ai vraiment compris cette technique en plaçant les mains sur l’endroit désigné pour sentir les vibrations. A fait vibrer la poitrine, O la gorge, U la bouche et M les os du crâne. Une découverte ! Je trouve cela très surprenant et apaisant à la fois. Un nouveau monde vibratoire s’ouvre à moi. Lors d’une promenade en forêt, je touche le tronc d’un arbre et je sens ses vibrations précédées d’un léger vertige. Je me sens illuminée… En arrivant à la maison, je constate que j’ai un début de rhume d’été et que je n’ai sans doute vécu qu’un moment de fièvre. Déception.
Une semaine plus tard, je suis retournée en forêt et j’ai vécu, avec beaucoup moins d’intensité et sans vertige, une expérience similaire. Si c’est un phénomène illusoire, il est merveilleux. Si non, c’est encore mieux. La voix est devenue pour moi une voie vers la vibration poétique.