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Suite à des discussions avec parents et amis, je vous livre le résultat de ma réflexion sur l’illusion commune de notre liberté de choisir. Surtout, dans ce temps des fêtes où le choix d’un vin, d’un plat, d’un cadeau ou d’une décoration nous amènent cette question : avons-nous fait le bon choix ? La multiplicité de l’offre fait surgir un certain désarroi comme lorsque, devant la télévision, nous zappons entre une centaine de chaînes sans arriver à nous accrocher à un seul programme. La société de consommation dans laquelle nous baignons influence aussi nos choix de vie : carrière, loisirs, destination de vacances. La profusion devient hésitation et source d’angoisse. Nous pensons devenir les seuls responsables de notre destin, d’où un sentiment de culpabilité ou d’échec lorsque nous ne choisissons pas la bonne option. C’est oublier les valeurs sociétales, culturelles et idéologiques sur lesquelles flottent notre rationalité.
Dans la plupart des commerces, nous pouvons retourner ou échanger un produit. Ce qui nous porte à croire que chacun de nos choix dans notre vie personnelle est réversible et que nous pouvons toujours obtenir mieux que ce que nous avons. Condamnés à une insatisfaction continuelle semblable au remords de l’acheteur, comment s’en sortir ? Bien sûr, il y a les contraintes qu’on s’inflige soi-même dans l’espoir de s’extirper de ce malaise devenu existentiel : addiction, compulsion, appartenance à des sectes, abus de séances de développement personnel, syndrome de surentrainement. Malheureusement, ces comportements réduisent encore plus notre liberté. Ils ne contribuent en rien à épanouir notre vie ni à lui donner un sens.
Il y a mieux : accepter l’ombre dont parle Sartre. C’est-à-dire l’angoisse qui accompagne toute forme de choix, car en privilégiant une option nous renonçons à toutes les autres. Thème abordé dans mon article La fatigue décisionnelle. Accepter aussi que l’ombre de Jung fait partie de notre vie. Nous flottons sur une mer inconnue comme un iceberg don,t seule, la pointe est visible. Schatten m’a dit une amie allemande. Prononcé avec force, Schatten recèle un côté obscur et prononcé avec douceur, il réfère à l’ombre bienfaisante du feuillage d’un arbre par une chaude journée d’été.