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choix, liberté, mort, philosophie, temps
Plusieurs événements peuvent induire une expérience d’éveil. Ce peut être une maladie grave, un accident, un arrêt de travail forcé, un changement de résidence ou la perte d’un être cher.
Notre naissance et notre mort sont des certitudes. Un avant et un après. Que se passe-t-il entre ces deux moments ? Et bien, il y a la vie. Lorsqu’il y a une prise de conscience que l’on est mortel, nous parlons d’une expérience d’éveil. C’est une incitation à mieux aimer ce qui nous est donné en abandonnant la futilité pour l’authenticité. Autrement dit, en sortant d’un certain d’endormissement personnel ou collectif.
Il y a une quinzaine d’années de cela, durant trois jours, j’ai cru que j’étais atteinte d’une maladie mortelle. Après ce temps d’angoisse et de peur, j’ai pris conscience que nous sommes tous atteints d’une maladie, mortelle à plus ou moins brève échéance. Cette angoisse, latente jusque là, est sortie au grand jour. Je crois qu’elle me limitait dans mes choix. Depuis lors, je me sens beaucoup plus libre. Vous n’êtes pas obligée d’en passer par là pour connaître une vie plus riche. Il s’agit d’accepter la mort afin de ne pas agoniser avant le temps… C’est choisir la légèreté du dépouillement au lieu de la lourdeur de l’attachement.
Entre la naissance et le grand départ, une vie parsemée d’instants, d’attentes, de choix diverses, qui font de notre existence empruntée, par ses embuches, d’apprécier davantage les bons moments lorsqu’ils se présentent.
Je comprends l’angoisse et la peur que vous avez vécue, J’ai moi-même vécu des moments qui ont chamboulés mon bien-être physique et moral. Paralysie partielle des membres supérieurs avec quelques séquelles permanentes légères et des limitations. 9 ans bientôt qui se sont écoulés depuis ma « réhabilitation ». Cette dernière n’est que bien peu par rapport à avoir dû apprendre l’acceptation des limitations, de se sentir un être à part entière et surtout de ne pas passer outre mes capacités pour en payer le prix par la suite en douleur.
3 ans par la suite, une pneumonie sévère, atrophié par la déshydratation, le souffle saturé à 72% me rendit aux soins intensifs pour y chopper la bactérie Streptocoque que j’incubais en mes poumons. Ce fut le point de bascule de mon existence, je résiste ou j’y passe. D’après l’urgentologue, je ne pensais pas la nuit…..
je crois ironiquement que le chef de mon diablotin eut peur que je lui prends son trône…. Sérieusement, J’ai fait face à ce que l’on redoute, ce que l’on craint de son inconnu, la noirceur et quitter sans avoir fini de se préparer à ce départ.
Tous ces moments ont fait que je réalise aujourd’hui, que nous sommes fragiles et éphémères sur cette terre d’accueil. L’amour et l’amitié que vous portez à vos proches, dites-leurs pendant qu’ils sont bien portants, rendu de l’autre côté, il sera trop tard, que ce soit vous ou eux qui s’y soient rendue……
Je peux dire que j’ai la légèreté du dépouillement au lieu de la lourdeur de l’attachement.
Francis
P.S. La vie est une enquiquineuse, mais tellement plaisante à mordre de toutes ses dents!
« Ce qui me tue dans la vie…c’est la mort »
Le Concombre Masqué
Mandryka